L'Obiou, il prend souvent un malin plaisir à se couvrir d'un petit nuage qui englobe son sommet et empêche la fin de son ascension. La première fois que je l'ai côtoyé, le fameux nuage chapeau et la fin de journée avaient eu raison de la fin de l'ascension, avec un demi-tour imposé. La journée s'annonce belle, l'espoir d'éviter le fameux nuage. Les vaches sont présentes sur la longue crête arrondie du départ pour s'étonner de nos pas "inutiles". Dans le cirque, avant d'entamer la montée dans l'immense pierrier, nous croisons un troupeau de chèvres et de moutons . Nous doublons quelques courageux et sommes à notre tour doublés par quelques plus sportifs. D'en bas, le passage semble improbable mais au fil du cheminement, nos pas trouvent leur chemin en suivant le marquage. Minérale, c'est l'ambiance du jeu d'ombres et de lumières qui nous entoure. Nous nous enfonçons progressivement dans le cirque qui semble nous engloutir. Après des lacets qui se dévoilent progressivement, nous débouchons vers Roche Pertusa où la vue s'ouvre sur le flan jusque là caché de l'Obiou et la tête de Lapras. Nous continuons l'ascension, optons pour le chemin traditionnel des dalles inclinées, en laissant le chemin des chatières partir sur la droite. La montée des dalles apporte un coté ludique très sympa qui compense la montée les précédant. Avant le sommet, la pente s'adoucit, l'antenne et son coffre nous accueillent. Quelques petits remparts de pierres témoignent de bivouacs antérieurs. C'est vrai qu'un lever du soleil de ce sommet doit simplement être magique. Casse-croûte photos, de la roche, de la roche partout, magnifique, et une vue splendide. Belle journée ensoleillée, le fameux nuage ne se formera que plus tard.
L'Obiou : check ! Enfin, pas complètement, il faut redescendre.
Sur le tout début du retour, à 50-100 m plus bas que le sommet, la cheville de mon co-randonneur n'aimera pas sa torsion forcée : entorse. Après avoir retenté quelques pas, le constat est clair, la descente à pied des 1 000 m restant est impossible et trop risquée au regard du terrain accidenté que nous avons monté.
Nous avons de la chance : météo au beau fixe, pas de vent et du réseau. C'est notre premier appel des urgences en montagne. Ils seront super efficaces et 45 minutes plus tard, c'est l’attraction pour les autres randonneurs, l'arrivée de l'hélicoptère et l'hélitreuillage. Mon co-randonneur s'offre un baptême de l'air en hélico. Je décline le voyage gratuit pour ne pas risquer de gêner en cas d'une autre urgence à prendre en chemin. Pour ne pas descendre seule, je me joins à un groupe de jeunes. Le stress aidant, les dalles me sembleront bien moins amusantes dans ce sens et le rythme des jeunes un peu trop soutenu. Je réussirai à ne pas me tordre la cheville, à suivre leur rythme, à récupérer Lulu pour retrouver le blessé avec son atèle à l’hôpital. Décidément, l'Obiou ne se laisse pas apprivoiser facilement.
Cette montagne je la trouve magnifique, elle impose le respect et avec ses clair-obscures, ses teintes et son ambiance, c'est clairement mon coup de cœur.