C'est le matin, l'aube se lève, une petite pause technique s'impose. Dans la pente,une pierre dissimulée sous l'herbe, roule sous mon pied, la cheville se tord, la douleur me fait m'étaler sur l'autre tibia. Comme quoi, parfois, la pause technique c'est dangereux. Ma vue se brouille, mes oreilles bourdonnent. Il me faudra quelques instants pour que le malaise se dissipe. La question s'impose : rando ou pas rando. Malgré l’œuf qui a poussé sur ma cheville je décide que ça se tente.
Nous entamons la montée. La pause technique de mon co-randonneur nous séparera, nous prenons involontairement 2 chemins différents. Décidément, il faut se méfier des pauses techniques. Pendant que je passe par le joli col Vent-Cul (poétique), il passe par le GR. Nous finissons chacun de notre coté, en hors piste enneigé pour rejoindre le col Pigeon. De là, la montée jusqu'au Jocou se poursuit en pente douce dans la neige. Qu'elle est jolie cette petite cabane avant le sommet. Un peu étonnant ce panneau pour commander un agneau ... La vue à 360° est splendide. J'adore ce paysage de montagne aride même s'il peut sembler peu accueillant.
Ma cheville a tenu pour la montée, reste à assurer la descente.
Nous suivons la crête en veillant à ne pas être trop près de la corniche qui pourrait s'affaler sous notre poids. Au bout de la crête principale, nous cherchons la suite du chemin, sans voir de trace. Nous décidons de suivre une crête secondaire qui descend, en espérant qu'elle débouche vers le col. C'est chaotique, avec des pentes sévères de chaque coté et nous débouchons brutalement au sommet d'un à-pic rocheux qui parait immense. Demi-tour, pour remonter jusqu'à l'extrémité de la crête principale que nous avons quittée. Nous nous hasardons alors dans la pente. Mais quelle pente (60%) ! La sous-couche de neige tient bien. Pour ménager ma cheville, je laisse mon co-randonneur faire la trace au travers de la croûte glacée. Le risque, la glissade ininterrompue sur au moins 200 m. Nous hésiterons à plusieurs reprises et réussirons à trouver des passages, sans glisser. Descendus un peu bas, nous remontons vers le col de Seysse. Le vent souffle fort et nous nous abritons en contrebas pour une pause méritée d'où nous pouvons constater que l'à-pic était infranchissable. Même si la fin de la rando se veut avec peu de dénivelé, la vingtaine de névés pentus que nous aurons à traverser ne nous épargnera pas le stress de la potentielle glissade à laquelle nous échapperons.
La rando confort, ça n'était pas encore pour cette fois-ci.