De l'embranchement du GR2 bis
à Basse Vallée
Nous passons à coté des Puys Ramond. Du fait de la météo, nous ne nous attardons pas.
Le chemin qui s’est creusé au fil du temps se transforme les jours de pluie au mieux en ruisseau, parfois en de grandes flaques qu’il faut contourner pour éviter les bains de pieds. Le chemin serpente tout en descendant légèrement. Anciennes plaques de lave et portions de chemin très encaissées se succèdent. Le parcours est long.
La descente s’accentue, la végétation basse commence à se densifier. Nous descendons maintenant en lacets plus serrés et les nuages décident enfin de faire place aux rayons du soleil. Nous en profitons, avant de plonger dans une descente qui s’annonce plus raide, pour nous poser sur un rocher ensoleillé, ancien reste de lave. Pain, confiture sont les bienvenus, encore plus avec ce soleil retrouvé.
La descente est maintenant vraiment plus raide avec un chemin jonché de cailloux et de l’eau qui ravine.
Des trouées de nuage laissent voir très au loin le rivage de la côte.
Le paysage au loin se referme de nouveau avant de réapparaître au gré des nuages. La végétation devient progressivement plus dense et plus haute. On passe d’une hauteur du genou à la taille, puis il ne reste plus que nos têtes qui dépassent avant que nous soyons engloutis dans la végétation. La descente s’accentue encore. Les racines reprennent possession du chemin très chaotique. Les feuilles des végétaux s’agrandissent, nous retrouvons la jungle réunionnaise où seul le chemin creusé est possible.
Nous descendons lentement, la pente est raide, très raide. Les marches se font de plus en plus hautes. A certains endroits, elles m’arrivent à la taille. Nous perdons du temps à choisir nos appuis, éviter les trous d’eau, la racine glissante. Ce chemin est sans fin, interminable, usant, épuisant et si raide. A certains passages, le chemin a comme disparu, avalé par la terre et il ne reste que des trous béants dans la pente, plus hauts que la taille d’un homme.
Plus de 20 fois j’ai eu envie de laisser tomber, de m’asseoir en disant "faites ce que vous voulez je reste là". Pour me motiver et m'éloigner des boules de douleurs que sont mes pieds, je m’encourage en boucle pour tenir, continuer, comme un mantra que je me répète « je vais y arriver, je vais y arriver, je vais y arriver ...».
Ce chemin est terrible !
Nous finissons par rejoindre une route forestière avec juste l’envie de ne plus jamais s’engager dans un chemin, juste suivre la route.
Le gîte d’où nous venons est indiqué à 7h30 en montée. Nous avons mis 7h de descente. Pas sûre que les temps indiqués tiennent compte de l’état chaotique des chemins.
Le gîte de Basse-Vallée n’est qu’à 15 minutes. A notre rythme, épuisés, cela durera un peu plus.
A notre arrivée, le gîte est fermé. Nous nous déchaussons pour attendre l’ouverture prévue à 15h. Comme la veille, nos pantalons sont crottés de boue. Quelques temps après notre arrivée, un jeune homme se montre, nous lui demandons s’il reste 2 places pour le soir. Il n’est pas sûr, va vérifier. Il revient nous informer qu’il n’y a pas de place. Nous sommes tellement HS que nous proposons de dormir à 2 dans un même lit. C’est toujours "non".
A notre avis, personne n’était attendu pour le soir, il n’avait simplement pas envie de s’embêter pour 2 pauvres randonneurs. Il nous indique un autre gîte à environ 45 minutes de marche (il ne sait pas si c’est ouvert) ou une chambre d’hôte à environ 3 km en suivant la route qui descend. Comme il n’a pas les numéros de téléphone pour vérifier les disponibilités, nous cherchons sur internet.
Ouf, dans la chambre d’hôte il y a de la place. Malgré notre fatigue affichée, le jeune ne nous proposera pas de nous descendre avec sa voiture. Cela n’est pas la première fois que nous avons l’impression que si le contact est souriant cela reste chacun pour soit.
Nous renfilons nos chaussettes mouillées, nos chaussures et c’est reparti pour les 3 km. Au moins sur la route, peu de risque de se tordre la cheville. Ouf, nous sommes arrivés.
Malgré l’imprévu, notre hôtesse du jour accepte de nous préparer un repas « simple » pour le soir. Nous n’en pouvons plus et après une douche chaude et une mini lessive, nous sommes contents de pouvoir nous allonger et nous reposer. Mes pieds résonnent, je prends un cachet pour calmer les douleurs. Malgré cela, ils resteront bien douloureux même en étant allongée.
Notre repas du soir :
- Samoussa fromage et samoussa viande
- Cœur de palmiste cru en salade avec des oignons
- Porc et cœur de palmistes cuits, riz, grain
- Légumes verts cuits et beignets de crevettes
- En dessert, des fruits qui nous sont inconnus dans des sortes de coques un peu comme des litchis, qu’il faut casser entre ses doigts : des longani (ou œil de dragon)
Un festin de roi pour un repas « simple » improvisé.
Après un premier contact qui nous a semblé un peu distant, nous avons bien discuté.
Notre hôtesse n’est allée qu’une seule fois à Cilaos. Son mari a fait quelques randonnées autour du Piton de la fournaise mais aimerait en faire davantage. Le manque de temps … et l’âge peut-être aussi.
Le lendemain matin, il va vendre sa production au marché de Saint Pierre. Départ 1h30 dans la nuit pour pouvoir accéder à sa place. Il ne sera sûrement pas couché ce soir avant 22h car il a encore son camion à charger : une sacrée journée en perspective. Il nous explique que si le camion est mal chargé, tout ne rentre pas, il doit alors tout ressortir pour tout recharger. Sa production : des mandarines, cœurs de palmistes, …
Demain dans la maison d’hôte ils attendent 80 invités pour un anniversaire. Si nous avions eu 1 jour de décalage, ils n’auraient pas pu nous héberger. Just in time ;-)